Développer l’esprit critique et lutter contre les préjugés

Des phénomènes inquiétants apparaissent dans la société française.

Les préjugés

Un amuseur public dangereux.

Un amuseur public – Dieudonné M’bala-M’bala – rencontre un succès certain en flattant les préjugés antisémites de certaines couches de la population. Phénomène inouï depuis la fin de la dernière guerre, il ose faire rire à propos de la Shoah ! Il se défend d’être antisémite en prétendant qu’il est seulement antisioniste et qu’il critique l’Etat d’Israël et l’exploitation que ce dernier ferait du génocide des juifs pendant la dernière guerre. Mais en même temps il développe des liens étroits avec l’extrême droite et avec des personnages qui se réclament ouvertement du national-socialisme (Alain Soral et son association “Égalité et réconciliation”). Les réseaux sociaux amplifient son succès, des milliers “d’amis” le suivent sur Facebook dans son délire anti-juif. Monsieur Mbala-Mbala reprend les pires arguments antisémites des bourreaux nazis en dénonçant une prétendue domination internationale des milieux juifs. Au motif de dénoncer l’esclavage dont les africains ont été victimes, il attaque les juifs. Pourquoi faudrait-il opposer les victimes les unes aux autres ?

En discutant avec un ami très proche, je découvre à ma grande stupeur qu’il croit fermement que la loi française interdit de mettre en cause l’Etat d’Israël ! En fait ce que la loi interdit ce sont les propos niant la réalité du génocide des juifs par les nazis. J’ai des amis israéliens qui s’opposent à la politique de leur gouvernement vis-à-vis des palestiniens. Point n’est besoin de diffuser une idéologie antisémite pour défendre les droits des palestiniens. La France, a trop souffert de cette idéologie pour en permettre une résurgence.

Prenons garde : les préjugés se transmettent comme un virus à travers les réseaux sociaux.

Le mythe de la “théorie du genre“

L’Éducation Nationale à mis en place plutôt timidement et de manière expérimentale une formation des élèves à l’égalité hommes-femmes. L’objectif est de faire prendre conscience des préjugés liés au genre. Les hommes et les femmes se distinguent par des différences biologiques, c’est le sexe. Mais les différences n’expliquent pas l’inégalité : on peut être différents et avoir les mêmes droits. Il est des pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire une auto ni celui de voter. Cela ne peut s’expliquer par une différence biologique, c’est une construction sociale. La société à travers certaines traditions et croyances a attribué des rôles différents à l’homme et à la femme et institué une inégalité entre eux. Alors que le sexe renvoie aux différences biologiques, le concept de genre renvoie à cette construction sociale des rôles et des statuts inégaux entre l’homme et la femme.

Les lois de la République française reconnaissent des droits égaux aux hommes et aux femmes et l’école est tout à fait dans son rôle lorsqu’elle s’efforce de faire découvrir cette égalité fondamentale aux enfants. Pourtant ce programme, somme toute banal, a fait l’objet de rumeurs délirantes propagées par des esprits perturbés : on apprendrait aux enfants à se masturber, on ferait la promotion de l’homosexualité en enseignant une soi-disant “théorie du genre”. Un appel au boycott scolaire est lancé à travers les médias sociaux, des responsables religieux et politiques somment le Gouvernement de s’expliquer et dénoncent la “théorie du genre” sans même pouvoir la définir. Le délire est total.

Quelle leçon tirer de ces faits ? Les technologies de l’information et de la communication permettent un développement inouï des possibilités de communication mais donnent en même temps aux désinformateurs des moyens sans précédent pour manipuler l’opinion et diffuser les pires préjugés. Imaginez ce qu’aurait pu faire Goebbels, le propagandiste du nazisme et de l’antisémitisme, avec Internet. Dénonçons l’apparition d’apprentis Goebbels, mais surtout aidons les jeunes à réfléchir de manière critique pour se garantir des manipulations. L’éducation aux compétences pour la vie, à la prévention des préjugés, à l’égalité hommes-femmes, au refus du racisme et de l’antisémitisme est plus que jamais nécessaire n’est déplaise à Madame Le Pen qui vient de déclarer que l’école devait se contenter de “transmettre les connaissances”. Non, Madame Le Pen, l’école doit enseigner aussi l’esprit critique, le respect des droits de l’homme et la démocratie. C’est d’autant plus urgent dans les périodes de crises, comme aujourd’hui, où les manipulateurs populistes tenter d’attirer vers eux les populations les plus démunies en leur désignant des boucs émissaires, un jour les immigrés, un autre jour les homosexuels, le jour d’après les juifs. C’était la stratégie des nazis. Ne l’oublions pas.

Dominique Bénard

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